quelle était proche de moi. ThérÚse étant proche de moi, mais aussi tout prÚs de Jésus, elle a alors contribué à me rapprocher de Lui durant toute mon adolescence. Elle me fait réellement goûter la joie d'aimer Jésus. ThérÚse est une excellente amie pour tous les jeunes d'aujourd'hui. Son message prophétique de confiance, d'amour
Lesécrits de sainte ThérÚse; Pour connaßtre ThérÚse; Pour approfondir ThérÚse; ThérÚse pour les enfants; Louis et Zélie Martin; Léonie Martin; Marie; Saints du Carmel; Vie et écrits de saints; François. Benoßt XVI et autres
rVulIZz. Texte intĂ©gral Pour moi je me sens de la famille de lâaimable sainte, et je mâintĂ©resse dâinstinct Ă ce qui semble la toucher quelque peu. Par exemple, le 11 novembre, fĂȘte de la saint Martin, je me suis empressĂ© de faire remarquer cette coĂŻncidence entre la signature de lâarmistice, et la fĂȘte de la petite ThĂ©rĂšse Martin, qui a tant travaillĂ© pour nos soldats pendant la guerre. »FrĂšre Louis-Marie FrĂ©dĂ©ric, directeur du grand sĂ©minaire de Chefoo, Chine, 17 fĂ©vrier 1919 ACL. 1 François Veuillot, Du carmel aux tranchĂ©es », La Croix, 27 septembre 1916, publiĂ© dans Antoinett ... 2 La rĂ©fĂ©rence Ă la guerre est un passage obligĂ© pour toute monographie sur sainte ThĂ©rĂšse lorsquâel ... 1Les rĂ©flexions suscitĂ©es par le dĂ©veloppement du culte de ThĂ©rĂšse de Lisieux durant la Grande Guerre ont commencĂ© au cĆur mĂȘme du conflit et ont connu de nombreux dĂ©veloppements par la suite depuis les premiĂšres hypothĂšses lancĂ©es par François Veuillot1 jusquâaux Ă©tudes plus rĂ©centes2, il sâagit tantĂŽt de le prouver, de le dĂ©crire, de sâen Ă©tonner, et dâen chercher les raisons, ce qui permet dâaboutir Ă plusieurs type de conclusions, lâune des plus connues Ă©tant la thĂšse de la sainte des Poilus ». Nous abordons ici un aspect particulier du culte de ThĂ©rĂšse durant la Grande Guerre, et esquissons des pistes qui donneront lieu, par la suite, Ă une Ă©tude approfondie fondĂ©e sur lâexploitation de sources dâorigines diverses. 3 Annette Becker, La guerre et la foi. De la mort Ă la mĂ©moire, Paris, Armand Colin, 1994. StĂ©phane ... 4 Les premiĂšres informations sont donnĂ©es par les tĂ©moins convoquĂ©s lors du procĂšs romain, qui se dĂ© ... 2Aujourdâhui, il est notoire que le culte de ThĂ©rĂšse de Lisieux fait partie intĂ©grante de cette religion de guerre » dont Annette Becker a dĂ©crit les caractĂšres saillants3. Ce phĂ©nomĂšne pittoresque, qui joue sur la thĂ©matique de la Belle et la BĂȘte, a donnĂ© lieu Ă quelques Ă©tudes dans lesquelles, frĂ©quemment, la prĂ©cision des chiffres se trouve jointe Ă une forme dâadmiration naĂŻve, pour ne pas dire bĂ©ate les donnĂ©es chiffrĂ©es, largement diffusĂ©es et facilement accessibles, proviennent toutes, par des voies plus ou moins directes, du carmel de Lisieux qui avait Ă lâĂ©poque besoin de les accumuler pour prouver, lors du procĂšs de canonisation, la rĂ©alitĂ© et lâampleur de la dĂ©votion. Elles sont pourtant sans cesse reprises comme des nouveautĂ©s et trĂšs peu contextualisĂ©es4. 5 Pluie de Roses V, Bar-le-Duc, imprimerie Saint-Paul, 1920, 590 p. Ce volume contient 570 grĂąces att ... 6 Ces rĂ©cits font toutefois une place au tĂ©moignage dâaprĂšs-guerre ; il arrive aussi que lâon trouve ... 3Câest par ailleurs un exercice fort pĂ©rilleux de tenter dâĂ©valuer lâinfluence posthume dâune personne, dans un Ă©vĂ©nement qui plus est mondial. Face aux millions de morts et de blessĂ©s de la Grande Guerre, sans parler des consĂ©quences sociales et psychologiques de tant de drames familiaux â puisque les compĂ©tences de la petite sainte des Poilus ne sortent pas, du moins officiellement, du domaine de la vie individuelle et privĂ©e â comment penser avec justesse cet autre phĂ©nomĂšne indiscutablement mondial, mais dâintensitĂ© beaucoup plus basse, quâest la dĂ©votion Ă ThĂ©rĂšse de Lisieux pendant le conflit ? La dĂ©votion dont nous parlons ici est toujours considĂ©rĂ©e comme un moment important voire dĂ©cisif de lâhistoire posthume de sĆur ThĂ©rĂšse. Les sommes sur la Grande Guerre, pour peu quâelles mentionnent les aspects religieux, accordent toujours une place Ă la dĂ©votion thĂ©rĂ©sienne â une toute petite place dans lâimmense complexitĂ© du conflit. On ne peut sâempĂȘcher, au lieu de monter en Ă©pingle les quelque 220 rĂ©cits de miracles ou interventions » de sĆur ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus pendant la guerre, rĂ©unis en un volume de la sĂ©rie Pluie de roses5 qui connut un succĂšs indiscutable, de les comparer au terrible bilan humain de la Grande Guerre. En effet, combien de ces miraculĂ©s » autoproclamĂ©s dans les annĂ©es 1914, 1915 et suivantes, se retrouvent-ils vivants, valides et fervents Ă la date de publication de leur histoire miraculeuse en 1920 ?6 7 Annette Becker a donnĂ©, la premiĂšre, un aperçu de la multiplicitĂ© des dĂ©votions durant la guerre, ... 4Une chose est sĂ»re sâinterroger en historien sur les causes dâun succĂšs, câest risquer les interprĂ©tations tĂ©lĂ©ologiques, Ă plus forte raison dans une approche monographique qui peut occulter dâautres recours trĂšs sollicitĂ©s durant cette pĂ©riode, Ă commencer par le SacrĂ©-CĆur, Notre-Dame de Lourdes ou Jeanne dâArc7. Une thaumaturge sans frontiĂšres 5La valorisation de ThĂ©rĂšse sainte des Poilus » comporte un inconvĂ©nient historique majeur elle ne tient pas compte du fait quâen 1913, sĆur ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1897, est dĂ©jĂ connue dans le monde entier, y compris dans les pays de langue allemande, particuliĂšrement, bien sĂ»r, en pays catholique, en Autriche-Hongrie, en BaviĂšre, et dans les rĂ©gions polonaises des trois empires. Dans les pays de langue anglaise, The Little Flower of Jesus est abondamment invoquĂ©e, dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1900, et particuliĂšrement par les Irlandais et les Ăcossais catholiques. 8 Albanais, Allemand, Anglais, Annamite Vietnamien, Arabe Ăgypte, ArmĂ©nien, Basque, Breton, Bulg ... 9 Pour lâannĂ©e 1911, 189 visiteurs Ă©trangers ont Ă©tĂ© identifiĂ©s, câest-Ă -dire 6,4 % des pĂšlerins » ... 6Le carmel de Lisieux entretient une correspondance avec des zĂ©lateurs rĂ©pandus dans le monde entier, souvent des religieux français missionnaires ou en exil. Les textes thĂ©rĂ©siens et ses produits dĂ©rivĂ©s avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© traduits, avant la guerre, en une petite quarantaine de langues8. Ce caractĂšre international est dâailleurs volontairement soulignĂ©, dans son ampleur et dans sa prĂ©cocitĂ©, au point de gommer les caractĂ©ristiques plus traditionnelles de cette dĂ©votion, notamment le dĂ©veloppement dâun pĂšlerinage local. Les visiteurs Ă©trangers, bien prĂ©sents quoique peu nombreux, furent valorisĂ©s en toute occasion et par tous les moyens9. 10 Sur les usages des photographies dans lâiconographie thĂ©rĂ©sienne François de Sainte-Marie, Visag ... 7Surtout, dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1910, la diffusion des supports de dĂ©votion, insĂ©parable dâun courrier extrĂȘmement volumineux mĂȘlant commandes, demandes dâintercession, rĂ©cits de miracles et tĂ©moignages de dĂ©votion sâeffectue en des quantitĂ©s industrielles. Lâoffre sâest considĂ©rablement diversifiĂ©e, depuis la publication, en 1898, de cet Ă©norme volume au titre interminable qui allait se faire connaĂźtre sous le nom dâHistoire dâune Ăąme. Les textes thĂ©rĂ©siens existent en Ă©ditions de poche, et sont Ă©galement diffusĂ©s sous la forme dâopuscules destinĂ©s Ă un public populaire et intĂ©grant la dimension miraculeuse de la vie posthume de sĆur ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus. Lâiconographie est riche de plusieurs dizaines de modĂšles, tantĂŽt idĂ©alistes et conformistes, tantĂŽt rĂ©alistes, grĂące Ă lâusage, jusquâalors peu rĂ©pandu dans lâimagerie pieuse, de la photographie retouchĂ©e10. 8Entre 1907 et 1913, le carmel de Lisieux a donc appris Ă produire et Ă©couler des stocks importants dâimprimĂ©s, de reliques et de souvenirs, par le biais dâun rĂ©seau de zĂ©lateurs soigneusement stimulĂ© par des dons de reliques et la dimension personnelle des relations Ă©pistolaires avec les reliques vivantes » â considĂ©rĂ©es comme telles â que sont les anciennes compagnes de sĆur ThĂ©rĂšse, principalement ses trois sĆurs biologiques, sĆur Marie du SacrĂ©-CĆur Marie Martin, 1860-1940, mĂšre AgnĂšs de JĂ©sus Pauline Martin, prieure, 1861-1951, et sĆur GeneviĂšve CĂ©line Martin, 1869-1959. Les carmĂ©lites de Lisieux ont su faire preuve dâune grande crĂ©ativitĂ© dans la diversification des supports, et dâune grande rĂ©activitĂ© face aux demandes du public, jonglant avec habiletĂ© entre les potentialitĂ©s technico-Ă©conomiques de la civilisation industrielle et les normes canoniques, montrant une capacitĂ© Ă©tonnante Ă vulgariser, tant dans le langage que par les supports, une spiritualitĂ© adossĂ©e Ă une imagerie moderne qui conjugue avec succĂšs plaisir et piĂ©tĂ©. Le pragmatisme sert de base Ă lâapologĂ©tique, et lâexpĂ©rience acquise en la matiĂšre va se rĂ©vĂ©ler prĂ©cieuse pour sâadapter aux conditions nouvelles liĂ©es Ă la guerre, et aux potentialitĂ©s dâapostolat qui sâouvrent alors. 9Comment, en 1914, le carmel de Lisieux, communautĂ© française appartenant Ă un Ordre fortement internationalisĂ©, au sein dâune chrĂ©tientĂ© dĂ©chirĂ©e, a-t-il apprĂ©hendĂ© son rĂŽle et celui de sa thaumaturge ? 11 TĂ©moin de cette concurrence Je recueille partout des tĂ©moignages de vĂ©nĂ©ration et de confiance ... 10DâemblĂ©e, le carmel de Lisieux a visĂ© pour sa nouvelle sainte une rĂ©putation exceptionnelle et universelle. En France, la seule vĂ©ritable concurrence est Notre-Dame de Lourdes, parce quâil sâagit avant tout dâun sanctuaire Ă miracles11. Or le pĂšlerinage de Lourdes a dĂ©jĂ , au dĂ©but du XXe siĂšcle, une forte dimension internationale. Durant la PremiĂšre Guerre mondiale, cependant, Lourdes a moins dâatouts Ă faire valoir que ThĂ©rĂšse certes, lâeau de Lourdes conserve son attrait, mais les supports de dĂ©votion mis en circulation par Lisieux, trĂšs diversifiĂ©s, prĂ©sentent bien dâautres avantages. 12 Jean-Pierre Blin, Le vitrail commĂ©moratif de la Grande Guerre. Les catholiques français et le cu ... 13 Sans minorer le fait que ThĂ©rĂšse Ă©tait fascinĂ©e par Jeanne dâArc, et que cette parentĂ© fut abondam ... 11Les vitraux Ă©rigĂ©s en ex-voto Ă la fin de la guerre ont figĂ© lâimage de la sainte des Poilus » et contribuĂ© Ă pĂ©renniser le souvenir de ThĂ©rĂšse combattante, en la faisant figurer au milieu des Poilus comme cĂ©leste avocate », sur le modĂšle des images rĂ©pandues pendant la guerre. Il est avĂ©rĂ©, pourtant, que la guerre nâa pas fait surgir de nouveaux cultes, mais a plutĂŽt renforcĂ© ceux qui sâĂ©taient dĂ©veloppĂ©s dans les dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes, comme le prouvent par exemple les programmes de reconstruction des Ă©glises aprĂšs la guerre dans les 181 Ă©glises Ă©tudiĂ©es par Patrick Wintrebert, ThĂ©rĂšse fait lâobjet de 69 reprĂ©sentations, derriĂšre Saint Louis 96 et le SacrĂ©-CĆur 76 mais devant Notre-Dame de Lourdes 66 et Jeanne dâArc 58, alors que les intercesseurs prĂ©sents dans ces Ă©glises sont au nombre de 84 saints et de 37 saintes. Sur les 48 vitraux commĂ©morant la Grande Guerre Ă©tudiĂ©s par Jean-Pierre Blin, Notre-Dame des ArmĂ©es figure quatre fois, ThĂ©rĂšse trois, Jeanne dâArc deux câest le Christ qui domine, sous la forme du crucifiĂ© 12 occurrences, du SacrĂ©-CĆur bĂ©nissant 4 ou montrant le ciel 312. De telles Ă©tudes, bien que partielles, permettent de souligner le dĂ©calage entre les phĂ©nomĂšnes rĂ©els et les phĂ©nomĂšnes perçus, ainsi que la part de construction a posteriori que contient lâidĂ©e dâun intercesseur nouveau et unique, ThĂ©rĂšse de Lisieux. Il faut attendre des Ă©tudes comme celles de Jean-Yves Le Naour sur Claire Ferchaud, la Jeanne dâArc de la Grande Guerre », pour rendre au qualificatif nouvelle Jeanne dâArc », sâagissant de ThĂ©rĂšse, un caractĂšre de banalitĂ©13, et rendre au SacrĂ©-CĆur son authentique dimension de dĂ©votion patriotique. 14 StĂ©phane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18, retrouver la Guerre, op. cit., p. 180-181. Magal ... 12Jeanne dâArc et ThĂ©rĂšse sont souvent Ă©tudiĂ©es ensemble, et toutes deux semblent mĂ©riter le qualificatif de sainte des tranchĂ©es » une rĂ©cente exposition, Ă DomrĂ©my, a sorti Jeanne de son statut de sainte officielle pour la situer comme un intercesseur de prĂ©dilection des combattants et de leurs familles. Annette Becker a insistĂ© sur les points communs aux deux jeunes femmes et Ă la dĂ©votion dont elles font lâobjet. Il faudrait complĂ©ter ce tableau en dĂ©veloppant leurs singularitĂ©s Jeanne est un symbole fort du rassemblement patriotique et incarne lâUnion sacrĂ©e, alors que le culte thĂ©rĂ©sien se dĂ©veloppe hors de tout cadre institutionnel ou patriotique14. 13Dans ce panorama, on ne saurait oublier, non plus, la sĂ©duction quâopĂšrent toujours les saints rĂ©gionaux, particuliĂšrement sainte Anne dâAuray en Bretagne, qui rattachent fortement le soldat dĂ©racinĂ© Ă sa petite patrie dâorigine. Lâabondance des rĂ©fĂ©rences Ă ThĂ©rĂšse de Lisieux dans les quotidiens de la Manche ou du Calvados, ou de lettres publiĂ©es dans La Croix par des Normands durant la guerre, permet dâailleurs de mettre en Ă©vidence le caractĂšre fortement rĂ©gional de la dĂ©votion Ă ThĂ©rĂšse de Lisieux, caractĂšre qui nâexclut pas la notoriĂ©tĂ© internationale mais qui a frĂ©quemment Ă©tĂ© nĂ©gligĂ©. Une sainte de proximitĂ© 14Quelle est la place particuliĂšre de la dĂ©votion Ă la petite sĆur ThĂ©rĂšse durant la Grande Guerre ? Il importe en premier lieu de prĂ©ciser quâelle opĂšre en contexte catholique, dans lequel le croyant a la libertĂ© de choisir des dĂ©votions surĂ©rogatoires, lesquelles ne sont que rarement exclusives et, en tout Ă©tat de cause, nâexcluent jamais ni le Christ â sous la forme, par exemple, du SacrĂ©-CĆur â, ni la Vierge â sous quelque vocable que ce soit. 15 Il nâest que de lire la longue litanie des saints français » Ă©voquĂ©s par StĂ©phen CoubĂ© dans Nos ... 16 Cette analyse, reprise par Nadine-Josette Chaline et dâautres, puise toujours Ă la mĂȘme source l ... 15Dans ce Ciel saturĂ©15 », ThĂ©rĂšse de Lisieux incarne incontestablement une figure de la proximitĂ© proximitĂ© gĂ©ographique, Ă©videmment, pour les Normands du pays dâAuge ; proximitĂ© de gĂ©nĂ©ration ou proximitĂ© sociologique, comme lâa soulignĂ© Annette Becker en sâappuyant sur les tĂ©moignages des Poilus publiĂ©s dans les Interventions de sĆur ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus pendant la guerre16 cette religieuse parle une langue accessible Ă tous et peut faire, grĂące au genre autobiographique, lâobjet dâune connaissance intime. Câest une diffĂ©rence notable avec Jeanne dâArc, sainte GeneviĂšve, ou mĂȘme Notre-Dame de Lourdes ou le SacrĂ©-CĆur. Si les soldats de la Grande Guerre sont davantage des ruraux que des petits bourgeois, ils sont tous plus ou moins alphabĂ©tisĂ©s et partagent, en gros, les mĂȘmes rĂ©fĂ©rences culturelles que ThĂ©rĂšse, petite Normande dĂ©cĂ©dĂ©e Ă 24 ans en 1897, fauchĂ©e par la tuberculose, mal qui, avant-guerre, causait le plus de dĂ©cĂšs chez les jeunes. 16SĆur ThĂ©rĂšse figure Ă©galement comme une sainte contemporaine » elle est proche, car elle nâest pas encore portĂ©e sur les autels et, dans le mĂȘme temps, son culte nâest ni imposĂ© ni conseillĂ©. Il me semble important de souligner ici ce caractĂšre dâĂ©lection le soldat dĂ©vot Ă sĆur ThĂ©rĂšse choisit sa sainte, il la choisit mĂȘme avant que lâĂglise ne se prononce, et il nâest pas exclu quâil la choisisse pour des critĂšres dâesthĂ©tique et de contemporanĂ©itĂ©, câest-Ă -dire quâil conserve dans son portefeuille une photographie de femme idĂ©ale, Ă la fois jeune et protectrice. En matiĂšre dâimagerie pieuse, la photographie, dĂ©veloppĂ©e par les carmĂ©lites de Lisieux dans une perspective documentaire â et donc, anti-saint-sulpicienne, contrairement Ă ce qui est souvent dit, voire dĂ©plorĂ© â favorise lâeffet de rĂ©el, effet qui Ă©tait particuliĂšrement bien adaptĂ© Ă la situation des soldats. 17 Image dĂ©crite par Nadine-Josette Chaline, art. cit., p. 207, publiĂ©e en hors-texte avec dâautres d ... 18 Fin 1914, mĂšre AgnĂšs de JĂ©sus pense que la guerre fera obstacle Ă la diffusion de la dĂ©votion, par ... 17Il ne faut donc pas trop sâĂ©tonner de ce que ce culte massif ait visĂ© une sainte officiellement interdite de culte », puisque pas encore canonisĂ©e. En rĂ©alitĂ©, ce fut un atout sa personne bĂ©nĂ©ficia de la logistique dĂ©veloppĂ©e entre 1907 et 1913 et destinĂ©e Ă promouvoir un futur saint pour obtenir sa canonisation. Du mĂȘme coup, un traitement iconographique spĂ©cifique lui est rĂ©servĂ© elle est reprĂ©sentĂ©e sur terre, et seule, car on ne peut la reprĂ©senter avec dâautres saints, ni en statue, ni dans un nimbe, etc. La sobriĂ©tĂ© est de mise, y compris dans sa titulature petite sĆur » et non sainte », ce qui la rend dâautant plus proche des vivants17. La cause de canonisation est introduite Ă Rome en juin 1914 les supports de dĂ©votion sont dĂ©jĂ conçus, les rĂ©seaux de diffusion bien en place, et tout cela, aprĂšs une nĂ©cessaire adaptation Ă la fin de 191418, va se dĂ©ployer, dâune maniĂšre trĂšs rĂ©active, en direction dâun nouveau marchĂ© » captif, les Poilus et leurs familles. Patriotisme thĂ©rĂ©sien et combat spirituel 19 La prĂ©face Ă Interventions... op. cit., p. vii, propose Ă ses lecteurs des Ă©claircissements sur le ... 20 Extrait dâune piĂšce de théùtre, dite rĂ©crĂ©ation pieuse » destinĂ©e Ă ĂȘtre jouĂ©e par les novices d ... 21 DâaprĂšs Ms A, f° 33. ThĂ©rĂšse de Lisieux, Ćuvres complĂštes, Paris, Ă©d. du Cerf/DDB, 1992, p. 121. 22 Ces derniĂšres citations sont une synthĂšse arrangĂ©e dâextraits du Ms B, f° 2 v° et f° 4, v°, qui ... 23 Cette guerre rĂ©vĂšle Ă nos dĂ©fenseurs, souvent Ă leur insu mĂȘme, et par une impression qui les pĂ© ... 18Dans lâapostolat spĂ©cifiquement destinĂ© aux Poilus, on va insister sur le patriotisme de ThĂ©rĂšse et sur la thĂ©matique du combat, bien prĂ©sente dans ses Ă©crits19. Par exemple, une image de ThĂ©rĂšse comportant la phrase Jâaime la France, ma patrie, et je veux lui conserver la foi20 » est distribuĂ©e aux Poilus. Dâautres expressions se rapportant Ă la France ou Ă la guerre sont rapportĂ©es, non rĂ©fĂ©rencĂ©es mais prĂ©sentĂ©es comme des paroles de sĆur ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus » Comme les guerriers antiques apprenaient Ă leurs enfants le mĂ©tier des armes, ainsi mâapprit-on dĂšs lâenfance le combat de la vie, excitant mon ardeur et me montrant la palme glorieuse21. » Je voudrais mourir sur un champ de bataille pour la dĂ©fense de lâĂglise. » Je voudrais accomplir les Ćuvres les plus hĂ©roĂŻques je me sens le courage dâun croisĂ© » ; Ma pluie embaumĂ©e tombera sur lâĂglise militante afin de lui donner la victoire22. » Ces citations expriment moins dâailleurs le patriotisme de ThĂ©rĂšse que son ardeur au combat, pour lâĂglise essentiellement on communique au soldat un modĂšle de combattante pour qui la patrie est davantage le ciel que la France. Pour la victoire de la France, le combattant français est donc invitĂ© Ă modeler son comportement sur celui des croisĂ©s, ou sur celui des saints soutenant lâĂglise militante. On nây trouve ni nationalisme, ni bellicisme, mais la possibilitĂ©, pour le soldat, de faire de sa guerre une guerre sainte, Ă moins quâil ne soit invitĂ© Ă combattre par analogie aux religieuses, le combat pour Dieu, aux soldats, le combat pour la patrie23. 24 François Veuillot, Du carmel aux tranchĂ©es », art. cit. ĂditĂ© par Lisieux sous forme de feuillet ... 25 Ce nâĂ©tait pas la premiĂšre fois que François Veuillot crĂ©ait lâĂ©vĂ©nement en mentionnant ThĂ©rĂšse de ... 19Le type dâexplication contextuelle dĂ©veloppĂ© ici ne doit pas occulter dâautres facteurs, plus spirituels, qui ont contribuĂ© Ă crĂ©er ce sentiment de proximitĂ© propre Ă la dĂ©votion thĂ©rĂ©sienne. Le premier journaliste Ă avoir Ă©crit sur ThĂ©rĂšse et les soldats, François Veuillot, Ă©tait un grand admirateur de la petite ThĂ©rĂšse », devenu de ce fait proche du carmel de Lisieux dĂšs 1906. Câest lui qui avance des raisons essentiellement spirituelles, en dĂ©veloppant une analogie entre la petite voie » et les boyaux des tranchĂ©es, et en mettant en exergue lâimportance du champ lexical du combat dans les textes thĂ©rĂ©siens, champ lexical favorisant selon lui une appropriation spirituelle24. Cet article est constamment repris, encore aujourdâhui, pour mentionner la dĂ©votion des Poilus, Ă juste titre dâailleurs parce quâil fut diffusĂ© Ă des dizaines de milliers dâexemplaires sur le front assorti dâune illustration. Il nâest pas sans intĂ©rĂȘt de prĂ©ciser que François Veuillot insistait sur la spiritualitĂ© parce que la publication de nouveaux rĂ©cits de miracles venait dâĂȘtre suspendue par Rome25. Parler de spiritualitĂ©, câĂ©tait parler de ThĂ©rĂšse au nom de lâactualitĂ© sans desservir la cause de canonisation. La part importante de stratĂ©gie qui entre dans cette publication, et les usages qui ont Ă©tĂ© faits de cet article par le carmel de Lisieux lui-mĂȘme, imposent donc de ne pas trop lâutiliser pour fonder en fait les dĂ©votions des combattants. Il est en revanche tout Ă fait possible, compte tenu de la large diffusion de ce feuillet, quâil ait contribuĂ© dans une certaine mesure Ă façonner la dĂ©votion des combattants dans un sens plus spirituel. 26 Guillaume Cuchet, Le crĂ©puscule du purgatoire, Paris, Armand Colin, 2005. 27 Conrad De Meester, Dynamique de la confiance. GenĂšse et structure de la voie dâenfance spirituelle ... 28 Claude Langlois, Les derniĂšres Paroles de ThĂ©rĂšse de Lisieux, Paris, Salvator, 2000, p. 131-159. 29 Lâexpression est employĂ©e par Mgr de Teil Ă mĂšre AgnĂšs, 4 mars 1909, pour la rĂ©cuser. ACL. 30 Le succĂšs de ThĂ©rĂšse de Lisieux est fondĂ© sur ces deux slogans imprimĂ©s dans toutes les publicatio ... 20Avec le recul, et sans trop tirer de conclusions des affirmations performatives de Veuillot, on peut considĂ©rer, comme Guillaume Cuchet, que la spiritualitĂ© thĂ©rĂ©sienne, adossĂ©e Ă la guerre et en phase avec elle, notamment avec les difficultĂ©s thĂ©ologiques posĂ©es par la mort de masse, a inflĂ©chi de maniĂšre dĂ©cisive les rapports des catholiques avec le Ciel tels quâils furent Ă©tablis au XIXe siĂšcle26. Cette analyse fonde historiquement les travaux des spĂ©cialistes de la pensĂ©e thĂ©rĂ©sienne sur le travail dâĂ©laboration lexicale opĂ©rĂ© dans les annĂ©es 1910 par les carmĂ©lites de Lisieux Ă partir du texte thĂ©rĂ©sien, de la voie toute nouvelle » Ă la petite voie » ou voie dâenfance spirituelle27 ». La spiritualitĂ© thĂ©rĂ©sienne propose une rĂ©ponse consolante au drame de la mort de masse, beaucoup plus plausible que le purgatoire pour tous28. ThĂ©rĂšse nâest pas seulement une figure de compassion, sur le modĂšle marial, une petite sainte modern style29 » Ă lâesthĂ©tique sĂ©duisante, elle peut Ă©galement ĂȘtre plĂ©biscitĂ©e pour ses conceptions de la mort et de lâau-delĂ , ainsi que pour sa promesse, abondamment diffusĂ©e, de passer son ciel Ă faire du bien sur la terre » et de travailler jusquâĂ la fin des temps au salut des Ăąmes30. La popularitĂ© des rĂ©cits de grĂąces, mais aussi dâapparition et de phĂ©nomĂšnes surnaturels, dans un contexte de mort omniprĂ©sente et violente, rĂ©vĂšle un besoin irrĂ©pressible de donner une face positive aux bouleversements de lâordre naturel. 21On le voit, il entre une part dâimprĂ©visible et dâimprĂ©vu dans la maniĂšre dont les combattants ont adoptĂ© la petite sainte de Lisieux, adoption rendue possible par le dynamisme des carmĂ©lites, dynamisme Ă©conomique, logistique mais aussi spirituel en effet, cette proximitĂ© de la petite sainte correspond bien Ă la maniĂšre dont les communautĂ©s religieuses cloĂźtrĂ©es conçoivent leur engagement dans la guerre. Par la priĂšre, par le sacrifice, par le soutien aux familles des carmĂ©lites mais aussi de leur entourage immĂ©diat, par lâaccueil de rĂ©fugiĂ©s, parfois, ou bien encore la prĂ©paration de colis pour le front. Universalisme et patriotisme 22Dans ce contexte, peut-on dire que mĂšre AgnĂšs de JĂ©sus et sa communautĂ© ont demandĂ© Ă ThĂ©rĂšse de Lisieux de se consacrer Ă la France le temps du conflit ? Comment aspirations universelles et patriotisme se trouvent-ils articulĂ©s, dans ce cas prĂ©cis ? 23On le sait, lâimpact de la guerre sur les comportements moraux et spirituels des chrĂ©tiens est ardemment souhaitĂ©. Mais ThĂ©rĂšse de Lisieux ne fut pas, officiellement du moins, convoquĂ©e par ses sĆurs Ă trancher le diffĂ©rend sĂ©culaire entre la France et lâAllemagne. En coulisse, pourtant, le vice-postulateur de la cause de ThĂ©rĂšse, Mgr Roger de Teil, demande Ă la sainte petite sĆur un miracle national », la guĂ©rison du gĂ©nĂ©ral Gouraud 31 Mgr de Teil Ă Mgr Lemonnier, 11 juillet 1915. ABL. SĆur ThĂ©rĂšse pourrait sâemployer Ă la fois pour la France et pour ce soldat sans peur et sans reproches. Il serait difficile dâavoir un miracle plus scientifiquement constatĂ© ; cette guĂ©rison Ă elle seule vaudrait une pluie de roses. Demandons-la pour la France et pour la glorification de notre sĆur ThĂ©rĂšse, toute lâarmĂ©e sera reconnaissante31. » 32 Julie dâAndurain, Le gĂ©nĂ©ral Gouraud, un colonial dans la Grande Guerre, thĂšse, universitĂ© de Pari ... 24Le gĂ©nĂ©ral Henri Gouraud 1867-1946, qui comptait parmi ses frĂšres et sĆurs un prĂȘtre et une religieuse, symbolisait le patriotisme catholique, mĂȘme si lui-mĂȘme nâutilisait le langage religieux que pour communiquer avec sa mĂšre. Atteint par un obus sur le front des Dardanelles en 1915, il avait eu les jambes broyĂ©es, le bassin brisĂ© et un bras emportĂ©. Il fut dit quâil se remit rapidement, grĂące Ă sa robuste constitution. En dâautres termes la guĂ©rison ne donna pas lieu Ă un rĂ©cit de miracle, quelle quâait Ă©tĂ© par ailleurs lâintime conviction du gĂ©nĂ©ral et de son entourage, sans parler des proches du carmel qui avaient cru Ćuvrer pour cette guĂ©rison patriotique32. 33 La Croix, 18 janv. 1914, Autour de la bataille de la Marne » sous-titre lettre dâun prĂȘtre-so ... 34 La Croix, 18 mars 1915 ApologĂ©tique tirĂ©e de la guerre ». Sous titre un vrai petit franc-ma ... 35 Jean-Louis Charvet, La faute de lâabbĂ© Charvet », en ligne, ... 25De son cĂŽtĂ©, La Croix essaya de suggĂ©rer que ThĂ©rĂšse de Lisieux avait eu son rĂŽle dans la victoire de la Marne33. Durant la guerre, certains tĂ©moignages de soldats publiĂ©s par le journal sont Ă©videmment destinĂ©s Ă prouver que ThĂ©rĂšse travaille, non pas directement Ă la victoire, mais au relĂšvement de la France, câest-Ă -dire Ă la conversion de ses enfants34. Ces assertions sont toutefois laissĂ©es Ă la responsabilitĂ© de leurs auteurs, et lâon a vu que ce journal, en la personne de François Veuillot, prĂ©fĂšre mettre lâaccent sur le terrain spirituel en effet, il nâĂ©tait pas admis, en France, dâimputer les victoires de lâarmĂ©e française Ă des causes surnaturelles, comme en tĂ©moigne par exemple le procĂšs intentĂ© Ă lâabbĂ© Charvet en 191535. En des temps propices Ă lâattente dâinterventions surnaturelles, les rĂ©serves Ă©mises par les institutions laĂŻques et ecclĂ©siastiques, liĂ©es Ă lâUnion sacrĂ©e en contexte de SĂ©paration, tendent Ă favoriser le dĂ©veloppement de dĂ©votions privĂ©es, et en particulier les pratiques dâintercession, dont tĂ©moignent les rĂ©cits de miracles et lâaccumulation dâex-votos dans les sanctuaires. La laĂŻcisation des discours a certainement contribuĂ© Ă la privatisation de la foi, ce qui a favorisĂ© les saints non institutionnels, ThĂ©rĂšse de Lisieux par excellence. 36 SĆur GeneviĂšve CĂ©line Martin Ă sĆur Françoise-ThĂ©rĂšse LĂ©onie Martin, le 4 avril 1915 Et ce ... 37 MĂšre AgnĂšs au P. Rodrigue, 19 octobre 1914. ACL. StĂ©phen CoubĂ©, dans Nos alliĂ©s du Ciel, op. cit.,... 26MĂšre AgnĂšs de JĂ©sus, comme beaucoup de ses pareilles, se demandait si la France serait sauvĂ©e par la dĂ©faite ou la victoire. Le salut dans la victoire lui semblait souhaitable Ă la fois sur le plan spirituel et patriotique, mais cela relĂšverait, bien Ă©videmment, de lâinouĂŻ et du miraculeux36. Câest dans la correspondance privĂ©e de sĆurs de ThĂ©rĂšse que lâon trouve exposĂ©s les problĂšmes posĂ©s par la dialectique du salut et de la victoire Je sens bien que la France est si coupable quâelle a besoin de ce flĂ©au qui dâailleurs cache de grandes misĂ©ricordes37 », Ă©crit par exemple mĂšre AgnĂšs. 27Dans les publications du carmel de Lisieux, ThĂ©rĂšse Ă©chappe donc au discours nationaliste parce quâelle nâest pas canonisĂ©e, parce quâelle nâest pas intĂ©grĂ©e, Ă la diffĂ©rence de sainte GeneviĂšve, saint Louis et Jeanne dâArc, au consensus historique rĂ©publicain, mais aussi pour des raisons touchant Ă la construction â toute rĂ©cente Ă lâĂ©poque et encore inachevĂ©e â de cette figure de saintetĂ©. Aux yeux de Dieu, les Ăąmes ne sont ni françaises ni allemandes » 28Un aspect de la dĂ©votion est rarement soulignĂ©, alors quâil a jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans le succĂšs international de ThĂ©rĂšse de Lisieux et, peut-ĂȘtre, dans lâintĂ©rĂȘt quâelle suscita chez BenoĂźt XV la petite ThĂ©rĂšse nâest pas une sainte nationale, et ce nâest pas un hasard si elle fut proclamĂ©e patronne des missions 1927 avant dâĂȘtre proclamĂ©e patronne secondaire de la France 1944. MĂšre AgnĂšs ayant voulu faire de sa sĆur une sainte universelle canonisĂ©e au plus vite, elle ne voulut pas borner son rayonnement aux frontiĂšres nationales. Elle continua donc, malgrĂ© la guerre, Ă envoyer des reliques aux Allemands 38 MĂšre AgnĂšs de JĂ©sus au P. Rodrigue, 6 mai 1915. ACL. Mentionner la protection accordĂ©e Ă ces relig ... Nous en envoyons bien volontiers [par la Suisse] car devant Dieu les Ăąmes ne sont ni françaises ni allemandes. Les unes et les autres sont prĂ©cieuses aux yeux de Dieu. Ă ce sujet, mon T. R. P., si Votre RĂ©vĂ©rence permet dâĂ©diter une petite brochure de âroses de guerreâ, jâai bien lâintention de ne rien imprimer mĂȘme pas la moindre phrase, qui puisse froisser les Allemands, dans le cas oĂč la petite publication leur tomberait entre les mains, par exemple nous nâimprimerons pas la protection accordĂ©e aux religieuses belges38. » 39 PrĂ©face Ă Interventions..., op. cit., p. vii Et, chose curieuse, cette attirance [pour la peti ... 40 Nadine-Josette Chaline, art. cit., p. 208. 41 Michel LagrĂ©e, Les rĂ©pliques de la grotte de Lourdes. Suggestions pour une enquĂȘte », dans Relig ... 29Le soutien spirituel nâest pas refusĂ© Ă lâennemi, soutien fort discret pendant la guerre, plus largement rĂ©vĂ©lĂ© ensuite, quand lâheure est Ă la rĂ©conciliation39. Dans les pays de langue allemande, les cartes postales de sĆur ThĂ©rĂšse continuent Ă se vendre, avec des lĂ©gendes modifiĂ©es, comme lâa montrĂ© Nadine-Josette Chaline40. AprĂšs la guerre, temps de la canonisation de ThĂ©rĂšse, donc dâinstitutionnalisation du culte 1925, on ne se contentera pas, Outre-Rhin, dâinstaller cette statue que lâon trouve dans toutes les Ă©glises de France ce sont des reproductions de la chĂąsse de Lisieux et son gisant en cire qui vont marquer la dĂ©votion thĂ©rĂ©sienne en Allemagne, en Autriche et en Hongrie, preuve que si les communications avec la France ont Ă©tĂ© altĂ©rĂ©es au point de rendre difficile le pĂšlerinage Ă Lisieux, la dĂ©votion fut suffisamment enracinĂ©e avant-guerre pour continuer ensuite, et entraĂźner la construction sur place de petits Lisieux, comme on fit en France des grottes de Lourdes41. 42 CâĂ©tait la premiĂšre supplique de ce genre qui parvenait au Saint-PĂšre, mais ce ne fut pas la der ... 43 Les archives du carmel de Lisieux nâont pas gardĂ© beaucoup de traces de ces suppliques militaires ... 44 Le pape a Ă©tĂ© fort touchĂ© de ces demandes et voudrait que cela se gĂ©nĂ©ralise dans lâarmĂ©e frança ... 30Il nâen demeure pas moins que lâengouement des militaires français pour la petite sainte de Lisieux est remarquable et bĂ©nĂ©ficie sans doute dâun effet boule de neige. Il fut utilisĂ© pour faire pression sur le pape, notamment pour montrer comment la France retournait Ă Dieu grĂące Ă sĆur ThĂ©rĂšse, ce qui Ă©tait un bon argument en faveur dâune canonisation rapide. Les partisans de ThĂ©rĂšse de Lisieux ne se privĂšrent pas non plus de prĂ©senter la canonisation quâils imploraient comme un geste qui aurait permis de laver BenoĂźt XV de lâaccusation de pape boche ». Câest un officier, Pierre Mestre, qui eut lâidĂ©e, en 1916, dâenvoyer Ă BenoĂźt XV des pĂ©titions de soldats en faveur de la canonisation, initiative qui fut, semble-t-il, massivement imitĂ©e, et qui connut, dans tous les cas, un fort retentissement42. Cette supplique Ă©tait en rĂ©alitĂ© un ensemble de lettres collectĂ©es par les soins de Pierre Mestre, calligraphiĂ©es et reliĂ©es par Lisieux43. Dâautres furent envoyĂ©es directement au Vatican. Dans ces lettres qui mĂȘlent expressions formelles et rĂ©cits trĂšs personnels faisant allusion Ă la situation de chacun et dĂ©crivant les grĂąces reçues, les soldats sâexpriment en leur nom propre, en soulignant toutefois quâils se font les interprĂštes de quantitĂ© dâautres soldats, ou de leur unitĂ©44. 45 Il organise par exemple une pĂ©tition des enfants dâAlençon, ville natale de ThĂ©rĂšse de Lisieux, en ... 46 100 000 signatures britanniques furent collectĂ©es en 1919 par une bĂ©nĂ©dictine anglaise Rome, Arch ... 31La mise en valeur tardive de ces marques de dĂ©votion militaire est due Ă un jĂ©suite italien, le P. Fajella. Le 26 mai 1918, ce dernier suggĂ©rait Ă mĂšre AgnĂšs â que, par ailleurs, il ne connaissait pas â de gĂ©nĂ©raliser le mouvement des suppliques et de lâĂ©tendre Ă lâensemble du peuple français, puis du monde. Dans ce projet, les soldats sont une catĂ©gorie de Français parmi dâautres45, et ce mouvement de pĂ©tition nâest quâun Ă©lĂ©ment seulement du plan mĂ©dias » proposĂ© au carmel de Lisieux par ce religieux trĂšs entreprenant. Tout est fait pour que lâentreprise ne semble pas Ă©maner du carmel de Lisieux et ait lâair spontanĂ©e rien ne doit transpirer », Ă©crit-il46. Signe des temps, du poids de la guerre et de la figure du combattant dans la conscience collective, les pĂ©titions des soldats sont le seul souvenir laissĂ© par cette entreprise dâenvergure, au point de figurer aujourdâhui comme un des principaux arguments en faveur du caractĂšre particulier et exceptionnel de la dĂ©votion des Poilus pour ThĂ©rĂšse de Lisieux. 47 Deux livres reprenaient cette sĂ©rie le support Ă 96 tableaux..., comportant, en regard des repro ... 32Autre source qui a contribuĂ© Ă la fabrication de ce thĂšme la place faite aux miracles pendant la guerre dans les sĂ©ances de projections qui connaissent, dans le premier quart du XXe siĂšcle, leur apogĂ©e avant dâĂȘtre progressivement remplacĂ©es par le cinĂ©matographe. ThĂ©rĂšse de Lisieux fut lâun des grands sujets des spectacles paroissiaux organisĂ©s par les curĂ©s projectionnistes dĂšs les annĂ©es 1908-1910. La sĂ©rie thĂ©rĂ©sienne la plus apprĂ©ciĂ©e, Pluie de Roses, 96 tableaux, quelques miracles et interventions de sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus, Ă©tait constituĂ©e pour moitiĂ© de rĂ©cits de guerre. Le livre publiĂ© en support connut un durable succĂšs et survĂ©cut au cinĂ©matographe. Il Ă©tait encore vendu dans les annĂ©es 196047. ParallĂšlement Ă ces deux sĂ©ries thĂ©rĂ©siennes, vie » et miracles », existait une sĂ©rie uniquement consacrĂ©e aux interventions pendant la guerre, preuve que ce sujet revĂȘtait un grand intĂ©rĂȘt pour le public et pour les projectionnistes eux-mĂȘmes, qui choisissaient leurs sujet dans les catalogues spĂ©cialisĂ©s de la Bonne Presse. TrĂšs certainement ce sujet permettait-il Ă des curĂ©s anciens combattants dâattirer Ă©galement les hommes dans les salles paroissiales, et de mĂȘler dâune maniĂšre fĂ©dĂ©ratrice hĂ©roĂŻsme, saintetĂ©, merveilleux et spiritualitĂ©. Des patronages emboĂźtĂ©s 33La part de communication est donc importante dans la mĂ©moire de ce patronage spĂ©cifique. Cette mĂ©moire a Ă©tĂ© alimentĂ©e par des Ă©lĂ©ments visibles et durables, tels que les vitraux reprĂ©sentant ThĂ©rĂšse sur le champ de bataille, et lâon peut dire que, de ce point de vue, la mĂ©moire de ThĂ©rĂšse patronne des Poilus a profitĂ© des dispositifs mis en place pour pĂ©renniser, dans lâentre-deux-guerres, la mĂ©moire de la guerre, comme par exemple les tĂ©moignages dâanciens combattants ou les exhibitions dâex-voto militaires, ainsi que les sĂ©ances de projection organisĂ©es dans les institutions religieuses ou les paroisses rurales et les restes de la surabondante propagande de guerre les objets et images pieuses rappelant la dĂ©votion de cette Ă©poque sont encore aujourdâhui trĂšs nombreux. Ces Ă©lĂ©ments ont pĂ©rennisĂ© en la modifiant la mĂ©moire de la dĂ©votion Ă sĆur ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus pendant la guerre. 48 [AbbĂ© LĂ©on Bourjade], Histoire de lâavion sĆur ThĂ©rĂšse 1917-1918, Bar-le-Duc, imprimerie Saint-P ... 34ThĂ©rĂšse sainte des Poilus » ne peut en effet se comprendre que dans un jeu de patronages emboĂźtĂ©s comme des poupĂ©es russes, qui visent Ă faire dâelle, dans la perspective dâune canonisation rapide et exceptionnelle Ă tous points de vue, la sainte patronne dâune infinitĂ© de catĂ©gories patronne du noviciat carme dĂšs la bĂ©atification, puis patronne des missions carmes, patronne des missions, patronne de la Russie, patronne du Grand Nord canadien ou encore Ă©toile » du pontificat de Pie XI. Dans cette optique, les interventions de ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus » pendant la guerre visent Ă montrer, bien plus quâun intĂ©rĂȘt particulier de ThĂ©rĂšse pour les Poilus, que rien de ce qui fait la douleur du monde ne la laisse indiffĂ©rente que ThĂ©rĂšse est dâactualitĂ©, quâelle est mĂȘme moderne, comme en tĂ©moigne la protection particuliĂšre accordĂ©e Ă des curĂ©s aviateurs, Ă lâexemple du grilleur de saucisses » LĂ©on Bourjade, missionnaire du SacrĂ©-CĆur dâIssoudun48. Câest dans ce sens quâil faut comprendre la mise en exergue, sous le pontificat de BenoĂźt XVI, de la protection des combattants, protection demeurĂ©e gravĂ©e dans les mĂ©moires grĂące au succĂšs iconographique de ce thĂšme. Notes 1 François Veuillot, Du carmel aux tranchĂ©es », La Croix, 27 septembre 1916, publiĂ© dans Antoinette Guise, ThĂ©rĂšse de Lisieux et ses miracles recompositions du surnaturel 1898-1928, thĂšse EPHE, 2006, Annexes, p. 109. 2 La rĂ©fĂ©rence Ă la guerre est un passage obligĂ© pour toute monographie sur sainte ThĂ©rĂšse lorsquâelle prend en compte sa postĂ©ritĂ©. Quelques exemples Mgr Laveille, Sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus, Lisieux, 1925, p. 418-422. Bernard Gouley, RĂ©mi Mauger, Emmanuelle Chevalier, ThĂ©rĂšse de Lisieux ou la grande saga dâune petite sĆur 1897-1997, Paris, Fayard, 1997, p. 75-98. Pour lâiconographie thĂ©rĂ©sienne en temps de guerre Pierre Descouvemont et Helmut-Nils Loose, ThĂ©rĂšse et Lisieux, OAA/Office central de Lisieux/Novalis/Cerf, 1991. En dehors du contexte thĂ©rĂ©sien Nadine-Josette Chaline, Pluie de roses sur les tranchĂ©es », dans Bernard Hours dir., Carmes et carmĂ©lites en France du XVIIe siĂšcle Ă nos jours, Actes du colloque de Lyon 1997, Paris, Ă©d. du Cerf, 2001, p. 201-208. Chaline a montrĂ© la premiĂšre que la dĂ©votion thĂ©rĂ©sienne Ă©tait dĂ©jĂ enracinĂ©e avant la guerre. 3 Annette Becker, La guerre et la foi. De la mort Ă la mĂ©moire, Paris, Armand Colin, 1994. StĂ©phane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18 retrouver la guerre, Paris, Gallimard, 2000, p. 180-181. 4 Les premiĂšres informations sont donnĂ©es par les tĂ©moins convoquĂ©s lors du procĂšs romain, qui se dĂ©roula Ă Bayeux entre 1915 et 1917. Le tĂ©moignage le plus dĂ©veloppĂ© est celui de Pauline Martin mĂšre AgnĂšs. Pauline Martin, rĂ©ponse Ă la 57e question, f° 525. ProcĂšs de bĂ©atification et de canonisation, t. 2 ProcĂšs apostolique, Rome, Teresianum, 1976. [en ligne] Il ne sâagit pas, ici, de contester la vĂ©racitĂ© de ces chiffres de quantitĂ©s de publications et de reliques distribuĂ©es, ainsi que lâimportance de la correspondance reçue. Le carmel de Lisieux a souvent donnĂ© aux chercheurs la possibilitĂ© de se faire une idĂ©e de lâampleur des tĂ©moignages de dĂ©votion reçus durant cette pĂ©riode. Des recherches aux archives du diocĂšse et dans celles de lâOrdre des carmes, Ă Rome, donnent des rĂ©sultats concordants. Le carmel nâa comptabilisĂ© avec prĂ©cision que les commandes livrĂ©es par lâimprimerie Saint-Paul. Les comptes sont, pour cette raison, en-deçà de la vĂ©ritĂ©, celle-ci nâayant pu avoir dâactivitĂ© rĂ©guliĂšre durant la guerre â elle Ă©tait situĂ©e Ă Bar-le-Duc, Ă proximitĂ© du front. En outre, de nombreuses publications ont Ă©tĂ© effectuĂ©es hors du contrĂŽle de Lisieux. Il importe simplement, comme lâa fait Annette Becker dans 14-18, retrouver la Guerre, op. cit., p. 337, n. 77 de faire le lien entre la constitution du dossier ThĂ©rĂšse et la guerre » au carmel de Lisieux et le procĂšs romain. 5 Pluie de Roses V, Bar-le-Duc, imprimerie Saint-Paul, 1920, 590 p. Ce volume contient 570 grĂąces attribuĂ©es Ă lâintercession de ThĂ©rĂšse de Lisieux entre 1914 et 1918. La derniĂšre partie, reprĂ©sentant 40 % du total 225 rĂ©cits, intitulĂ©e Interventions de sĆur ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus pendant la Guerre », fut Ă©galement Ă©ditĂ©e en tirĂ©-Ă -part Ă 22 000 exemplaires, sans compter les rééditions ultĂ©rieures. De mĂȘme, la moitiĂ© des rĂ©cits de Quelques miracles et interventions de sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus, publiĂ© rĂ©guliĂšrement Ă partir de 1928, a la guerre pour théùtre. En soulignant le caractĂšre particulier de cette entreprise, comme lâa fait Nadine-Josette Chaline Du carmel aux tranchĂ©es », art. cit., il convient de souligner que, durant la Grande Guerre, on eut Ă©galement recours Ă ThĂ©rĂšse dans les pays Ă©pargnĂ©s par le conflit ou bien, dans les pays en guerre, pour des causes sans rapport direct avec celle-ci. 6 Ces rĂ©cits font toutefois une place au tĂ©moignage dâaprĂšs-guerre ; il arrive aussi que lâon trouve, en note, la mention du devenir du soldat, quâil soit mort au champ dâhonneur ou quâil se soit rendu Ă Lisieux en pĂšlerinage dâaction de grĂące au sortir de la guerre. 7 Annette Becker a donnĂ©, la premiĂšre, un aperçu de la multiplicitĂ© des dĂ©votions durant la guerre, mĂȘme si cet aspect avait auparavant Ă©tĂ© repĂ©rĂ© par le clergĂ©, par les folkloristes ou par des laĂŻques dĂ©plorant la revitalisation des superstitions. Les monographies tendent Ă donner du phĂ©nomĂšne une image dĂ©formĂ©e on trouve de grandes ressemblances entre les rĂ©cits recueillis Ă Lisieux et Ă Montmartre, sans compter les interventions de Notre-Dame de Lourdes. Le SacrĂ©-CĆur de Montmartre sâenorgueillit de possĂ©der un ex-voto du marĂ©chal Foch, de mĂȘme que Notre-Dame du Bon-Secours en Meurthe-et-Moselle. 8 Albanais, Allemand, Anglais, Annamite Vietnamien, Arabe Ăgypte, ArmĂ©nien, Basque, Breton, Bulgare, Canaque Kanak, Catalan, Chinois, Cingalais, Croate, Danois, Espagnol, Flamand, GĂ©orgien, Grec, Hindi, Hollandais, Hongrois, Italien, Japonais, Latin, Maltais, Polonais, Portugais, Roumain, Russe, Slovaque, SlovĂšne, Tagal Philippines, Tamoul, Turc. Bien souvent, ce sont un opuscule de propagande et des images qui ouvrent la sĂ©rie des traductions dans une langue donnĂ©e, surtout en pays de mission. Pour une Ă©tude dâensemble des publications thĂ©rĂ©siennes, Antoinette Guise, ThĂ©rĂšse de Lisieux et ses miracles..., op. cit. 9 Pour lâannĂ©e 1911, 189 visiteurs Ă©trangers ont Ă©tĂ© identifiĂ©s, câest-Ă -dire 6,4 % des pĂšlerins ». 35 % des visiteurs sont issus du Calvados, et parmi eux, 20 % habitent Lisieux. ACL Archives du carmel de Lisieux. 10 Sur les usages des photographies dans lâiconographie thĂ©rĂ©sienne François de Sainte-Marie, Visage de ThĂ©rĂšse de Lisieux, t. 1, Introduction et notes, Lisieux, Office Central de Lisieux, 1961, p. 39-50. Voir aussi Antoinette Guise, op. cit. 11 TĂ©moin de cette concurrence Je recueille partout des tĂ©moignages de vĂ©nĂ©ration et de confiance envers sĆur ThĂ©rĂšse. Des pĂšlerins de Lourdes, prĂȘtres de Poitiers, me disent Ă leur retour quâon nây a pas constatĂ© de miracles depuis la guerre. », Ă©crit le vice-postulateur de la cause de canonisation de ThĂ©rĂšse au chancelier du diocĂšse de Bayeux, le 28 aoĂ»t 1917. Archives du diocĂšse de Bayeux et Lisieux ABL. 12 Jean-Pierre Blin, Le vitrail commĂ©moratif de la Grande Guerre. Les catholiques français et le culte du souvenir. », et Patrick Wintrebert, Lâiconographie du vitrail religieux entre les deux guerres dans le Pas-de-Calais », dans Nadine-Josette Chaline dir., Le vitrail en Picardie et dans le Nord de la France, XIXe-XXe siĂšcles, Amiens, Encrage, 1997. 13 Sans minorer le fait que ThĂ©rĂšse Ă©tait fascinĂ©e par Jeanne dâArc, et que cette parentĂ© fut abondamment soulignĂ©e durant la guerre. Mais la comparaison nâĂ©tait-elle pas applicable Ă toute jeune fille de ce siĂšcle, pour peu quâelle fĂ»t Ă la fois patriote et pieuse ? Jean-Yves le Naour, Claire Ferchaud. La Jeanne dâArc de la Grande Guerre, Paris, Hachette, 2007. 14 StĂ©phane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18, retrouver la Guerre, op. cit., p. 180-181. Magali Delavenne, Une sainte des tranchĂ©es Jeanne dâArc pendant la Grande Guerre. Catalogue de lâexposition organisĂ©e Ă Domremy-La-Pucelle du 1er juin au 30 septembre 2008, Ăpinal, 2008. 15 Il nâest que de lire la longue litanie des saints français » Ă©voquĂ©s par StĂ©phen CoubĂ© dans Nos alliĂ©s du Ciel, Paris, Lethielleux, 1915. 16 Cette analyse, reprise par Nadine-Josette Chaline et dâautres, puise toujours Ă la mĂȘme source la prĂ©face aux Interventions pendant la guerre, qui sâappuie sur quelques extraits de lettres judicieusement choisis par les carmĂ©lites de Lisieux, et repris dĂšs 1925 par les hagiographes de ThĂ©rĂšse, Mgr Laveille en tĂȘte. Un exemple Nous avons bien Jeanne dâArc, mais la petite sĆur est plus prĂšs de nous », citĂ© par Chaline, p. 205 Interventions..., prĂ©face, p. vi. 17 Image dĂ©crite par Nadine-Josette Chaline, art. cit., p. 207, publiĂ©e en hors-texte avec dâautres documents essentiels. 18 Fin 1914, mĂšre AgnĂšs de JĂ©sus pense que la guerre fera obstacle Ă la diffusion de la dĂ©votion, parce quâelle entrave la circulation du courrier. MalgrĂ© la guerre, Ă©crit-elle au responsable de la Cause Ă Rome, nous recevons prĂšs de 200 lettres par jour, 100 lettres en moyenne, câest dire quâil y a des offrandes. AprĂšs la guerre, je suis sĂ»re que la moyenne dâil y a quelques mois, 300 lettres et quelques fois 400 et plus, sera augmentĂ©e. » 20 dĂ©c. 1914, ACL 19 La prĂ©face Ă Interventions... op. cit., p. vii, propose Ă ses lecteurs des Ă©claircissements sur le point de jonction entre cette fleur du cloĂźtre et le soldat de la grande guerre », Ă partir de lâanalyse de François Veuillot dĂ©jĂ citĂ©e. 20 Extrait dâune piĂšce de théùtre, dite rĂ©crĂ©ation pieuse » destinĂ©e Ă ĂȘtre jouĂ©e par les novices du couvent. ThĂ©rĂšse de Lisieux, La Mission de Jeanne dâArc ou La BergĂšre de Domremy Ă©coutant ses Voix, RP 1, 19 r°. Des fragments de ce texte avaient Ă©tĂ© publiĂ©s dans la premiĂšre Ă©dition de lâHistoire dâune Ăme, puis ĂŽtĂ©s aprĂšs 1908. PremiĂšre publication intĂ©grale dans ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus, Théùtre au carmel rĂ©crĂ©ations pieuses, dans Ădition critique des Ćuvres complĂštes de sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus et de la Sainte-Face, t. 4, Paris, Ă©d. du Cerf/DDB, 1985. 21 DâaprĂšs Ms A, f° 33. ThĂ©rĂšse de Lisieux, Ćuvres complĂštes, Paris, Ă©d. du Cerf/DDB, 1992, p. 121. 22 Ces derniĂšres citations sont une synthĂšse arrangĂ©e dâextraits du Ms B, f° 2 v° et f° 4, v°, qui est un court rĂ©cit de vocation. ThĂ©rĂšse de Lisieux, op. cit., p. 224 et 228. Voir aussi Claude Langlois, Le poĂšme de septembre, lecture du Manuscrit B de ThĂ©rĂšse de Lisieux, Paris, Ă©d. du Cerf, 2002. 23 Cette guerre rĂ©vĂšle Ă nos dĂ©fenseurs, souvent Ă leur insu mĂȘme, et par une impression qui les pĂ©nĂštre, la nĂ©cessitĂ© de ces mĂȘmes vertus que ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus pratiqua jusquâĂ lâhĂ©roĂŻsme la constance Ă tout faire et Ă tout souffrir en esprit de devoir... » François Veuillot, art. cit., repris dans la prĂ©face aux Interventions, p. vii. 24 François Veuillot, Du carmel aux tranchĂ©es », art. cit. ĂditĂ© par Lisieux sous forme de feuillets vendus au prix de 15 francs le mille et Ă©coulĂ©s dans les cantonnements, les tranchĂ©es et les hĂŽpitaux. Voir aussi G. Sarraute, Un soldat français ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus », Vie thĂ©rĂ©sienne, 1969, no 3 et 4. 25 Ce nâĂ©tait pas la premiĂšre fois que François Veuillot crĂ©ait lâĂ©vĂ©nement en mentionnant ThĂ©rĂšse de Lisieux Ă un moment crucial de son histoire posthume pour hĂąter lâouverture du procĂšs diocĂ©sain, il avait Ă©voquĂ© en 1906, sous le titre ĂĂ et lĂ , une image de la Sainte-Face [de JĂ©sus] », la figure de ThĂ©rĂšse de Lisieux en premiĂšre page de LâUnivers, accompagnĂ©e dâun portrait 9 juillet 1906. PubliĂ© dans Antoinette Guise, ThĂ©rĂšse de Lisieux et ses miracles », op. cit., Annexes, p. 106-107. 26 Guillaume Cuchet, Le crĂ©puscule du purgatoire, Paris, Armand Colin, 2005. 27 Conrad De Meester, Dynamique de la confiance. GenĂšse et structure de la voie dâenfance spirituelle de sainte ThĂ©rĂšse de Lisieux, Paris, Cerf, 1969, rééd. 1995, ThĂ©rĂšse et la formule âenfance spirituelleâ », p. 73-80. 28 Claude Langlois, Les derniĂšres Paroles de ThĂ©rĂšse de Lisieux, Paris, Salvator, 2000, p. 131-159. 29 Lâexpression est employĂ©e par Mgr de Teil Ă mĂšre AgnĂšs, 4 mars 1909, pour la rĂ©cuser. ACL. 30 Le succĂšs de ThĂ©rĂšse de Lisieux est fondĂ© sur ces deux slogans imprimĂ©s dans toutes les publications la concernant AprĂšs ma mort, je ferai tomber une pluie de roses » et Je veux passer mon ciel Ă faire du bien sur la terre ». Ce fait a Ă©tĂ© perçu dĂšs le dĂ©part, y compris par les membres du tribunal ecclĂ©siastique chargĂ©s dâinstruire la cause de canonisation Ă partir de 1908. 31 Mgr de Teil Ă Mgr Lemonnier, 11 juillet 1915. ABL. 32 Julie dâAndurain, Le gĂ©nĂ©ral Gouraud, un colonial dans la Grande Guerre, thĂšse, universitĂ© de Paris 4, 2009, p. 259-272. Le gĂ©nĂ©ral reçut une ou deux lettres de Mgr Lemonnier, Ă©vĂȘque de Bayeux et Lisieux, durant sa convalescence. 33 La Croix, 18 janv. 1914, Autour de la bataille de la Marne » sous-titre lettre dâun prĂȘtre-soldat de Bayeux » non signĂ©. Lâarticle fait mention dâun vĆu Ă SĆur ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus. 34 La Croix, 18 mars 1915 ApologĂ©tique tirĂ©e de la guerre ». Sous titre un vrai petit franc-maçon celui-lĂ ... sâest confessĂ© hier soir ». Lettre adressĂ© au journal par un prĂȘtre de lâOranais. 35 Jean-Louis Charvet, La faute de lâabbĂ© Charvet », en ligne, [consultĂ© le 14 fĂ©vrier 2010]. Le miracle de la Marne » est toujours commĂ©morĂ© au sanctuaire de Notre-Dame de lâĂpine, en Champagne, le 12 septembre, en la fĂȘte du Saint Nom de Marie et du âmiracle de la Marneâ ». Sur la rumeur infĂąme » dâun complot clĂ©rical mĂȘlant guerre et retour Ă Dieu Jacques Fontana, op. cit., p. 149-159. StĂ©phane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18 retrouver la Guerre, op. cit., p. 169. Voir aussi Annette Becker, La guerre et la foi, op. cit., p. 72, sq. 36 SĆur GeneviĂšve CĂ©line Martin Ă sĆur Françoise-ThĂ©rĂšse LĂ©onie Martin, le 4 avril 1915 Et cependant notre petite ThĂ©rĂšse travaille lĂ -bas sur le champ de bataille, chaque jour nous en recevons de nouveaux tĂ©moignages. Câest absolument merveilleux. Nous recevons aussi des tracts sur elle, dont les titres la dĂ©signent presque comme la nouvelle libĂ©ratrice de la France. HĂ©las ! Pourra-t-elle nous sauver ?... un soldat anglais lâa vue, paraĂźt-il, trois fois dans une tranchĂ©e, elle Ă©tait Ă genoux et priait avec ferveur, elle avait lâair trĂšs triste. CâĂ©tait en octobre ou novembre, peut-ĂȘtre de nouvelles expiations Ă©tant venues payer les dettes de la Patrie, elle nâest plus triste maintenant, espĂ©rons-le ! Si le moment nâest pas venu de sauver la France, elle sauve les Ăąmes sans trĂȘve ni merci. » ACL. 37 MĂšre AgnĂšs au P. Rodrigue, 19 octobre 1914. ACL. StĂ©phen CoubĂ©, dans Nos alliĂ©s du Ciel, op. cit., dĂ©veloppait lâanalogie entre morts pour la France et martyrs, analogie sur laquelle est Ă©galement fondĂ©e la publication des textes thĂ©rĂ©siens. 38 MĂšre AgnĂšs de JĂ©sus au P. Rodrigue, 6 mai 1915. ACL. Mentionner la protection accordĂ©e Ă ces religieuses belges, câĂ©tait en effet suggĂ©rer les exactions allemandes contre les populations civiles. 39 PrĂ©face Ă Interventions..., op. cit., p. vii Et, chose curieuse, cette attirance [pour la petite ThĂ©rĂšse] se produisit non seulement dans notre armĂ©e, mais jusque chez nos adversaires. » Mgr Laveille, dans les quelques pages consacrĂ©es Ă la dĂ©votion thĂ©rĂ©sienne pendant la guerre, octroie â du bout de la plume â un paragraphe Ă la dĂ©votion de lâennemi Bonne Française, comme sainte Jeanne dâArc, sĆur ThĂ©rĂšse ne refuse pourtant pas sa pitiĂ© Ă quelques catholiques qui, mĂȘme dans les rangs de lâarmĂ©e allemande, lâont invoquĂ©e. » Mgr Laveille, op. cit., p. 421 40 Nadine-Josette Chaline, art. cit., p. 208. 41 Michel LagrĂ©e, Les rĂ©pliques de la grotte de Lourdes. Suggestions pour une enquĂȘte », dans Religion et modernitĂ©. France, XIXe-XIXe siĂšcles, Rennes, PUR, 2003, p. 169-177. Selon Michel LagrĂ©e, lâessaimage de sanctuaires-rĂ©pliques paraĂźt impossible dans le cas oĂč le pĂšlerinage commĂ©more, comme câest le cas Ă Lisieux, une vie terrestre, sauf en cas de dissĂ©mination des reliques, gĂ©nĂ©ratrice de nouveaux lieux » p. 177. 42 CâĂ©tait la premiĂšre supplique de ce genre qui parvenait au Saint-PĂšre, mais ce ne fut pas la derniĂšre. DĂ©sormais, la voie Ă©tait ouverte et les militaires du front usĂšrent trĂšs largement de ce moyen dâatteindre lâauguste prisonnier du Vatican. » Commandant M. [Pierre Mestre], La petite sainte de Lisieux, avant â pendant â aprĂšs la Guerre, Paris, Saint-Paul, 1935, p. 81. 43 Les archives du carmel de Lisieux nâont pas gardĂ© beaucoup de traces de ces suppliques militaires deux cahiers seulement, dont lâun nâest pas terminĂ©, contenant respectivement 26 suppliques dâofficiers et sous-officiers 1915-1916, et 35 1916-1919, rĂ©sultats de la collecte du commandant Mestre. Nous nâavons trouvĂ© trace des originaux ni aux Archives du Vatican, ni aux Archives de la maison gĂ©nĂ©ralice des Carmes. 44 Le pape a Ă©tĂ© fort touchĂ© de ces demandes et voudrait que cela se gĂ©nĂ©ralise dans lâarmĂ©e française. Sans doute cela ne modifiera pas la procĂ©dure de canonisation mais le nombre de ces suppliques militaires serait une chose curieuse et impressionnerait fort. » Marie du SacrĂ©-CĆur Ă sĆur Françoise-ThĂ©rĂšse, 1er novembre 1916, ACL. 45 Il organise par exemple une pĂ©tition des enfants dâAlençon, ville natale de ThĂ©rĂšse de Lisieux, en veillant Ă ce que les carmĂ©lites de Lisieux ne se trouvent pas impliquĂ©es dans la dĂ©marche. 46 100 000 signatures britanniques furent collectĂ©es en 1919 par une bĂ©nĂ©dictine anglaise Rome, Archives de la maison gĂ©nĂ©ralice des carmes. 47 Deux livres reprenaient cette sĂ©rie le support Ă 96 tableaux..., comportant, en regard des reproductions des plaques de verres, les cantiques notĂ©s pour ĂȘtre chantĂ©s pendant la sĂ©ance. Mais aussi Quelques miracles et interventions de sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus 1928, dans lequel les cantiques ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des textes simples Ă©crits en gros caractĂšres. 48 [AbbĂ© LĂ©on Bourjade], Histoire de lâavion sĆur ThĂ©rĂšse 1917-1918, Bar-le-Duc, imprimerie Saint-Paul, 1919. Ădouard Peyriller, Le pilote de sainte-ThĂ©rĂšse. Bourjade, des PĂšres du SacrĂ©-CĆur dâIssoudun, officier de la LĂ©gion dâhonneur, 16 citations, 28 victoires, mort Ă la mission de Port-LĂ©on Papouasie, Plon, Paris, 1930. Dans la Pluie de Roses, câest le mĂ©canicien-aviateur Marius Julienne qui raconte avec verdeur les grĂąces reçues pendant la guerre.
Pour en savoir plus, lire le mĂ©moire de maĂźtrise d'Antoinette Guise Les miracles de Sr ThĂ©rĂšse de l'Enfant-JĂ©sus entre 1898 et 1926 ThĂ©rĂšse de Lisieux est considĂ©rĂ©e comme une grande sainte thaumaturge ou plutĂŽt, comme un des meilleurs intercesseurs auprĂšs de JĂ©sus, en vertu d'une tradition qui remonte Ă la premiĂšre publication de l'Histoire d'une Ăąme, et qui est Ă©tayĂ©e par la Pluie de Roses, ainsi que par l'abondance des tĂ©moignages accumulĂ©s au fil des dĂ©cennies, tĂ©moignages Ă©crits et tradition orale. Cette qualitĂ© d'intercesseur, c'est elle qui semble l'avoir voulue, si l'on se fonde sur des paroles prononcĂ©es Ă la fin de sa vie et qui ont Ă©tĂ© rapportĂ©es par ses sĆurs - AprĂšs ma mort, je ferai tomber une Pluie de Roses- Je veux passer mon ciel Ă faire du bien sur la terre- Je reviendrai On parle donc communĂ©ment des miracles de sainte ThĂ©rĂšse. Or le mot miracle a plusieurs sens. Il a d'abord, dans les cultures de tradition chrĂ©tienne, un sens gĂ©nĂ©ral, de fait extraordinaire oĂč lâon croit reconnaĂźtre une intervention divine, bienveillante, auquel on confĂšre une signification spirituelle. » Dictionnaire Le Robert Il a Ă©tĂ© ensuite une porte d'entrĂ©e au mystĂšre de la crĂ©ation divine, et Ă ce titre fait l'objet de constantes interrogations de la part des thĂ©ologiens, Ă commencer par saint Augustin puis saint Thomas d'Aquin. A l'Ă©poque moderne, l'Ăglise dĂ©finit des critĂšres de discernement du miracle, soit dans le cadre des procĂšs de canonisation Prospero Lambertini, 1734 soit, plus prĂ©cocement, dans le cadre du contrĂŽle du culte des saints Urbain VIII, annĂ©es 1620-1640. A partir de ce moment-lĂ , si l'on parle de miracles, par exemple Ă propos d'une pieuse personne vivante le curĂ© d'Ars ou dĂ©cĂ©dĂ©e ThĂ©rĂšse de Lisieux, des prodiges rĂ©alisĂ©s par de l'eau de source Lourdes, il devient nĂ©cessaire de proclamer que l'on laisse le soin Ă l'Ăglise de se prononcer sur la rĂ©alitĂ© de ces miracles respect des dĂ©crets du pape Urbain VIII. La reconnaissance canonique d'un miracle s'effectue par le biais d'une enquĂȘte menĂ©e par l'Ă©vĂȘque du lieu, de sa propre initiative ou mandatĂ© par Rome dans le cadre d'un procĂšs de canonisation. Dans le cas de ThĂ©rĂšse, les carmĂ©lites de Lisieux ont toujours pris soin d'apporter Ă leurs lecteurs deux prĂ©cision l'affirmation, en tĂȘte des Pluie de Roses, selon laquelle l'emploi de mots tels que miracle, relique, pĂšlerinage, vision, apparition, sainte... ont Ă©tĂ© imprimĂ©s pour respecter le texte des lettres reçues, sans aucune intention de devancer et de prĂ©juger la dĂ©cision de l'Eglise ». Cet avertissement est obligatoire aux yeux de l'Eglise. DeuxiĂšme prĂ©cision les faits rapportĂ©s n'ont pas Ă©tĂ© tous contrĂŽlĂ©s scientifiquement ou canoniquement », expliquant leur publication par le souci de montrer combien est gĂ©nĂ©rale la confiance des fidĂšles en l'intercession de sĆur ThĂ©rĂšse de l'Enfant-JĂ©sus. » Cette deuxiĂšme assertion est rendue nĂ©cessaire par le contexte historique dans lequel se dĂ©ploie la dĂ©votion Ă sĆur ThĂ©rĂšse en effet, avec le dĂ©veloppement du pĂšlerinage de Lourdes Ă partir des annĂ©es 1870 s'est popularisĂ©e l'idĂ©e qu'un vrai miracle est un miracle constatĂ© scientifiquement ». Aujourd'hui, on parle moins de constatation scientifique d'un miracle. Importe davantage, aux yeux des catholiques, une reconnaissance par l'Eglise. Par ailleurs, Ă partir de la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle, le dĂ©veloppement considĂ©rable des sciences, notamment mĂ©dicales, joint Ă la crise religieuse que traverse la France lois laĂŻques et mĂȘme l'Ăglise crise moderniste ont fait des miracles un enjeu dans des discussions sur l'existence de Dieu, ou sur ce qu'est Dieu. Avant la bĂ©atification de ThĂ©rĂšse, les carmĂ©lites de Lisieux ont pris soin, pour Ă©viter ces Ă©cueils, de privilĂ©gier des mots plus neutres que celui de miracle grĂąces, guĂ©risons, faveurs, interventions, faits extraordinaires, et bien sĂ»r Pluie de roses », terme qui signe les miracles thĂ©rĂ©siens. Cela Ă©tant, plusieurs faits miraculeux ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s par la SacrĂ©e CongrĂ©gation des Rites, dans le cadre de la procĂ©dure de canonisation, et 4 d'entre eux ont Ă©tĂ© validĂ©s pour la BĂ©atification et pour la Canonisation. Un autre fait miraculeux a fait l'objet d'une enquĂȘte canonique, en raison de l'Ă©moi qu'il a suscitĂ©, sur place et chez les amis de sĆur ThĂ©rĂšse c'est le miracle de Gallipoli. Les rĂ©cits racontent que ThĂ©rĂšse est apparue Ă la prieure d'un carmel pauvre des Pouilles, en 1910. Elle a secouru matĂ©riellement sa communautĂ©, et apportĂ© la confirmation de la validitĂ© de sa voie spirituelle en affirmant Ă mĂšre Carmela ma voie est sĂ»re, et je ne me suis pas trompĂ©e en la suivant ». Gallipoli est devenu depuis un lieu de pĂšlerinage, et un centre important pour le rayonnement de la spiritualitĂ© thĂ©rĂ©sienne en Italie. Antoinette Guise Retour Ă l'accueil des Miracles
Joachim Bouflet, Quand ThĂ©rĂšse parlait aux mystiques, Perpignan ArtĂšge, 2019, 244 p., 16,90 âŹ. Ătonnante ThĂ©rĂšse de Lisieux 1873-1897 dĂ©clarĂ©e docteur de lâĂglise en 1997 et qualifiĂ©e, par Pie X, de plus grande sainte des temps modernes ». Elle a un rayonnement surnaturel mondial » auprĂšs de philosophes Henri Bergson, Emmanuel Mounier, Jean Guitton comme auprĂšs dâĂ©crivains, de cinĂ©astes, sculpteurs, chanteurs⊠p. 7-9. Et bien des mystiques ont Ă©tĂ© dynamisĂ©s par elle comme le montre ici Joachim Bouflet. Celui-ci, consultant auprĂšs de postulateurs de causes de canonisation, analyse lâitinĂ©raire spirituel dâune vingtaine de mystiques pour qui la sainte de Lisieux a bouleversĂ© leur vie sous-titre. Ces mystiques du XXe et dĂ©but XXIe siĂšcles sont de bien des pays, de lâAmĂ©rique latine Ă lâEurope et Ă lâAsie. La majoritĂ© sont des femmes dont certaines bien connues Marthe Robin, sainte Faustine. Plusieurs figurent dĂ©jĂ dans le Dictionnaire des femmes mystiques, dâAudrey Fella Bouquins, 2013. Parmi les hommes le cĂ©lĂšbre Padre Pio, le jeune vietnamien Marcel Van, et lâitalien Don Pietro Gonella 1931-1979, mort Ă lâĂąge de 48 ans, aprĂšs 30 annĂ©es de maladie et quinze mois de sacerdoce p. 237. OrdonnĂ© prĂȘtre en 1978 par autorisation de Paul VI, Don Pietro cĂ©lĂ©brait la messe assis dans son lit Ă lâintention de tous les souffrants. Joachim Bouflet termine par un chapitre Dâautres encore », non des moindres, ce qui pourrait donner lieu Ă un nouveau livre sainte Edith Stein, saint Maximilien Kolbe⊠Le pĂšre Marie-Joseph Lagrange, fondateur de lâĂcole biblique de JĂ©rusalem, reconnaĂźt que ThĂ©rĂšse lâa aidĂ© Ă dĂ©passer lâariditĂ© de recherches trĂšs techniques. Et Jacques Fesch, Ă la veille de son exĂ©cution, Ă 27 ans, exprime le soutien quâil reçoit de ThĂ©rĂšse. Au fil de ces tĂ©moignages, le lecteur reconnaĂźt que ThĂ©rĂšse rĂ©alise des miracles dâun type bien particulier » p. 11. Par exemple quand ThĂ©rĂšse se propose Ă Marcel Van comme sa grande sĆur » et lâaccompagne dans sa vie de priĂšre et dans le discernement de sa vocation p. 201-221. Ces miracles » vĂ©rifient la portĂ©e de la parole de ThĂ©rĂšse Je reviendrai sur la terre pour faire aimer lâAmour ». Ils confirment Ă©galement le propos de lâhistorien François Huguenin dans Les grandes figures catholiques de la France Perrin, 2016 en sa popularitĂ© posthume, ThĂ©rĂšse est universelle, prophĂšte des temps nouveaux. Elle ouvre la voie Ă la proximitĂ© de chacun avec Dieu ». PĂšre Pierre Fournier diocĂšse de Gap et d'Embrun 1948 - 2021
Rome, 18 mars 2015 Apic Le pape François a reconnu, le 18 mars 2015, le miracle attribuĂ© Ă lâintercession des bienheureux Louis et ZĂ©lie Martin, les parents de Sainte ThĂ©rĂšse de Lisieux. Il a ainsi ouvert dĂ©finitivement la voie Ă leur canonisation qui devrait avoir lieu Ă Rome Ă lâoccasion du synode sur la famille en octobre prochain comme dĂ©jĂ annoncĂ© il y a quelques semaines. Le miracle a eu lieu dans le diocĂšse de Valence en Espagne. Il concerne une petit fille Carmen Carmen est nĂ©e prĂ©maturĂ©ment, atteinte de multiples complications qui mettaient sa vie en danger. Une hĂ©morragie cĂ©rĂ©brale trĂšs grave aurait pu entraĂźner des dommages irrĂ©versibles. Sur les conseils dâun carmel proche de Valencia, ses parents ont priĂ© avec foi Louis et ZĂ©lie Martin, quâils ne connaissaient pas. Carmen a aujourdâhui franchi le cap de ses quatre ans. Elle Ă©tonne par sa vitalitĂ© et lâabsence totale de sĂ©quelles. Depuis trois ans, une Ă©quipe a procĂšdĂ© Ă des investigations, rĂ©coltĂ© les dossiers mĂ©dicaux et interrogĂ© les tĂ©moins. famille, mĂ©decins, etc. AprĂšs la phase diocĂ©saine le miracle a Ă©tĂ© examinĂ© par la CongrĂ©gation pour les causes des saints Ă Rome par des mĂ©decins experts, des thĂ©ologiens et des cardinaux, avant dâĂȘtre prĂ©sentĂ© au pape. Un couple modĂšle de vie chrĂ©tienne Louis Martin est nĂ© Ă Bordeaux le 22 aoĂ»t 1823. Membre dâune fratrie de cinq enfants, il grandit au sein de diffĂ©rentes garnisons avant que sa famille ne sâinstalle dĂ©finitivement Ă Alençon. Louis Martin souhaitait consacrer sa vie Ă Dieu au monastĂšre du Grand St Bernard, mais son niveau insuffisant de latin lâoblige Ă abandonner ce projet. Il ouvre en 1850 une horlogerie-bijouterie. GrĂące Ă lâintermĂ©diaire de sa mĂšre, il rencontre ZĂ©lie GuĂ©rin quâil Ă©pouse en juillet 1858 Ă la veille de ses 35 ans. ZĂ©lie GuĂ©rin est nĂ©e le 23 dĂ©cembre 1831 Ă Saint DenisâSarthon dans lâOrne oĂč son pĂšre Ă©tait gendarme. Sa sĆur ainĂ©e devient religieuse. Elle se sent elle aussi appelĂ©e Ă la vie religieuse et souhaite entrer Ă lâHĂŽtel-Dieu dâAlençon oĂč sa famille sâest installĂ©e en 1844, mais la mĂšre supĂ©rieure le lui refuse. ZĂ©lie ouvre une fabrique de dentelle en 1853. Elle est la tĂȘte dâune entreprise prospĂšre lorsquâelle rencontre Louis Martin. Louis et ZĂ©lie, un don» pour les parents, les Ă©poux, les veufs et les malades De 1860 Ă 1873, neuf enfants, dont quatre mourront en bas Ăąge, naĂźtront au foyer des Martin. La derniĂšre sera Sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant JĂ©sus. Une foi profonde anime la famille. Une grande affection lie les deux Ă©poux comme en tĂ©moigne les lettres de ZĂ©lie Ă son mari. A la mort de ZĂ©lie Martin le 28 aoĂ»t 1877 des suites dâune longue maladie, ThĂ©rĂšse nâa alors que 4 ans, Louis sâinstalle dans la ville de sa belle-famille Ă Lisieux. Dix ans plus tard, aprĂšs lâentrĂ©e de ThĂ©rĂšse au carmel, Louis sera internĂ© au Bon Sauveur de Caen. Lui-mĂȘme malade, il sâoccupera dĂšs quâil le peut des autres patients qui lâentourent. Il meurt le 29 juillet 1894, Ă 71 ans.apic/rv/ag/mp © Centre catholique des mĂ©dias Cath-Info, Les droits de lâensemble des contenus de ce site sont dĂ©posĂ©s Ă Cath-Info. Toute diffusion de texte, de son ou dâimage sur quelque support que ce soit est payante. Lâenregistrement dans dâautres bases de donnĂ©es est interdit.
aimer, c'est tout donner de Guy Gaucher, Louis Sankalé, Pierre Descouvemont chez Editions Emmanuel Collections Points de repÚres Paru le 20/07/2012 Broché 138 pages Tout public avec la participation de Guy Gaucher, Louis Sankalé, Pierre Descouvemont QuatriÚme de couvertureUn portrait de sainte ThérÚse de l'Enfant-Jésus, décrivant sa vie, son message et sa mission particuliÚre. Des témoignages sur les miracles et les grùces obtenues par son intercession, des fiches explicatives sur les notions développées et des extraits de textes de ou sur la sainte complÚtent la synthÚse.
témoignages des miracles de sainte thérÚse de lisieux